Cyrano de Bergerac

Tout le monde se trompe sur Cyrano. Cyrano est un Roc... friable, multiple, sensible, entier, éperdu, brillant, fidèle, abandonné par les grâces et pourtant étincelant de cœur et d’âme.

Édouard Baer, avec sa légèreté désinvolte et son intensité singulière, ne joue pas Cyrano : il l’habite, il le traverse, il en respire la grandeur et les blessures. Le panache, ce mot si français, reprend tout son sens, entre éclats de rire et sanglots retenus, entre prouesse théâtrale et émotion brute.

Les 13 comédiens autour de lui forment un chœur vibrant, une troupe où chaque geste, chaque regard, chaque silence amplifie la grandeur du texte d’Edmond Rostand. Anne Kessler, dans une mise en scène épurée mais généreuse, redonne à Cyrano sa dimension d’épopée humaine. Pas d’artifice superflu, rien qui n’éloigne du cœur battant de la pièce : la parole, l’amour, et ce combat désespéré pour être soi, jusqu’au bout. Qu’on le redécouvre ou qu’on le rencontre pour la première fois, Cyrano reste ce monument insurpassable de poésie et d’humanité.